En France, l’emploi à domicile des personnes dépendantes ou handicapées représente 225 000 particuliers employeurs. Parfois perçue comme une aide “naturelle” ou “intuitive”, l’accompagnement des personnes en situation de handicap, chez elles, au quotidien, repose en réalité sur de véritables compétences, relationnelles et techniques. Pour garantir le bien-être, la sécurité et le respect, la professionnalisation joue un rôle clé, afin de structurer et sécuriser les gestes, développer l’observation, l’écoute et l’adaptation.
L’accompagnement du handicap à domicile : plus qu’une aide, une présence professionnelle
« Après mon accident, il n’était pas question d’aller vivre en institution, de ne pas avoir une vie autonome » : pour Murièle1, particulier employeur, comme pour toute personne en situation de handicap qui a fait le choix de rester chez elle, être aidée, c’est se sentir soutenue pour rester actrice de sa vie. Pour organiser le quotidien, la posture professionnelle des accompagnants consiste à trouver la juste distance afin de respecter à la fois le cadre privé du domicile et l’intimité de la personne, mais aussi préserver son espace de liberté.
Handicap cognitif, handicap moteur, trouble du spectre de l’autisme (TSA), etc. : dans un secteur de l’emploi à domicile parfois considéré comme “accessible à tous”, il est essentiel de rappeler que l’accompagnement du handicap ne peut s’improviser. Le professionnalisme est un gage de sécurité et de bien-être pour la personne accompagnée, et de confiance et sérénité pour l’entourage (parents, famille, conjoint, etc.). Une posture qui nécessite des compétences multiples.
Des savoirs techniques et relationnels
« Ces personnes remplacent nos mains, nos jambes » : pour Anne1, vivre dans un environnement sécurisant et épanouissant est rendu possible grâce aux compétences clés déployées par les professionnels :
- Les techniques d’assistance aux gestes du quotidien ;
- L’aide à la mobilité et aux déplacements ;
- L’élaboration d’un projet, le soutien des activités, notamment pour les enfants, afin de contribuer au développement du lien social ;
- L’écoute active pour entendre au-delà des mots et pour structurer la relation de confiance ;
- L’observation, c’est-à-dire l’analyse de la situation pour repérer les signes de fatigue, les changements d’humeur, les difficultés motrices. Cette vigilance quotidienne guide les ajustements du professionnel, en lien avec l’entourage ou les autres intervenants au domicile ;
- L’adaptation : chaque domicile est unique, les habitudes, les espaces, les rythmes, les outils varient. L’assistant de vie, l’assistant maternel, le garde d’enfants ou l’employé familial, doit s’adapter : c’est une compétence, fondée sur l’analyse et l’expérience ;
- L’autonomie : travailler au domicile exige une grande responsabilité, une capacité à décider dans l’instant, à évaluer un risque, à signaler une situation problématique. Un professionnel saura quand il agit dans son champ, et quand il doit alerter ou solliciter un relais.
Professionnaliser pour mieux accompagner le handicap
Plus de 390 000 emplois seront à pourvoir d’ici 10 ans (2) au domicile des particuliers employeurs âgés, dépendants et en situation de handicap : dans un secteur en tension et en pleine mutation, la branche des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile œuvre pour professionnaliser ses salariés et mieux accompagner le handicap et mise sur la montée en compétences et la sécurisation des parcours. La signature de nouveaux avenants (dont celui de 2025 dédié à l’accompagnement du handicap) témoignent par ailleurs d’une volonté claire d’inclusion et de reconnaissance toujours plus forte des compétences et des spécificités des métiers du domicile.
(Re)donner toute sa place au geste professionnel et à la posture des salariés, c’est reconnaître qu’ils sont des acteurs essentiels de l’autonomie, de la dignité et du lien social.
1 Extraits de la série de vidéos « Face caméra pour les particuliers employeurs en situation de handicap », Fepem (Fédération des particuliers employeurs de France)
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