Accompagnement alimentaire : une expertise clé des salariés du domicile

En 2019, une enquête CCAF (Comportements et Consommations alimentaires en France) révélait que 45 % des enfants de 3 à 17 ans consommaient moins de deux portions de fruits et légumes par jour, alors que 5 portions sont recommandées.

Par ailleurs, l’étude INCA3 de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) indique que 70 % du régime des enfants et adolescents français sont composés de produits ultra-transformés (contre 50 % chez les adultes), et seulement 22 % sont faits maison.

Enfin, en 2022, selon la Fédésap (fédération des entreprises de Services à la Personne et de Proximité), 2 millions de Français souffraient de dénutrition dont 10 % des personnes âgées de plus de 70 ans vivant à domicile.

Des chiffres qui illustrent l’importance (et la fragilité !) de l’alimentation et, par ricochet, l’enjeu que cela représente pour les (futurs) salariés du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile. Ce sont eux qui accompagnent le quotidien des familles, enfants et personnes âgées ou en situation de dépendance. Parmi leurs missions figure (presque toujours) celle de préparer des repas et d’accompagner ces moments pour qu’ils soient conviviaux et équilibrés.

Adapter les menus selon l’âge, l’activité, les phases de vie (enfance, vie de famille, vieillesse) constitue une compétence précieuse pour les assistants de vie, assistants maternels, employés familiaux et gardes d’enfants.

Auprès des personnes âgées ou dépendantes, l’alimentation à domicile est un levier de prévention de la perte d’autonomie. « L’enjeu majeur est d’éviter la dénutrition ou les carences qui peuvent dégénérer et créer un engrenage comme une hospitalisation qui, bien souvent, aggrave encore la dénutrition, la fatigue, la sensibilité aux bactéries et virus, et peut entraîner une perte d’autonomie plus importante » explique Lisa Rémy, diététicienne nutritionniste. Baisse d’appétit, perte d’habileté dans la préparation des repas, difficultés de motricité : face à ces problématiques, la présence et l’expertise d’un professionnel est primordiale pour le maintien à domicile.

Auprès des enfants, « L’enjeu principal est de leur permettre d’emmagasiner les réserves nécessaires pour grandir correctement, et les habituer à consommer équilibré pour qu’ils deviennent des adultes qui mangent de tout, en bonne santé » précise l’experte. La mission des salariés du domicile est une contribution éducative : faire découvrir, susciter l’appétit, initier au goût et à l’équilibre alimentaire.

Acquérir et faire valoir des connaissances et des techniques en matière d’accompagnement alimentaire, c’est un atout pour les professionnels de l’emploi à domicile. Ces compétences peuvent être variées : nutrition et équilibre alimentaire par l’apprentissage et la compréhension des familles d’aliments, des besoins nutritionnels, manières d’adapter les menus selon l’âge, l’activité, les phases de vie (enfants, familles, personnes dépendantes). Un accompagnement alimentaire maîtrisé se traduit aussi par les techniques culinaires et l’hygiène (maîtriser les cuissons, présenter un plat, entretenir du matériel, connaître les règles de sécurité, etc.) ainsi que par une adaptabilité socioculturelle et contextuelle, c’est-à-dire la prise en compte des goûts, habitudes, régimes culturels ou santé, et la capacité à proposer des plats adaptés aux allergies, intolérances, croyances.

Assistant de vie, assistant maternel, employé familial, garde d’enfants ont aussi un rôle relationnel à jouer au moment du repas pour l’inscrire dans une atmosphère conviviale, encourager l’autonomie, et déployer des spécificités d’accompagnement pour l’enfant (guidance sensorielle) ou la personne dépendante (texturation, plaisir gustatif). Un professionnel aguerri sur le sujet de l’alimentation se démarquera aussi s’il déploie un sens de l’organisation et du professionnalisme : savoir planifier les menus, gérer un stock et un budget, être autonome.

« L’alimentation fait partie de l’identité de chacun : avant de conseiller, il faut comprendre comment la personne ou la famille fonctionne. L’accompagnement alimentaire passe par du dialogue, de l’observation » conclut Lisa Rémy.