La communication est souvent ce fil invisible qui rend possible la collaboration quotidienne entre la personne accompagnée et le salarié à domicile. Mais bien communiquer, ce n’est pas seulement transmettre une information : c’est préserver la dignité, encourager l’autonomie et construire une relation de confiance durable.
La communication adaptée, une compétence professionnelle essentielle
La capacité à adapter sa communication constitue à la fois une compétence technique et humaine. Elle demande de l’observation, des savoir-faire bien précis et une posture réfléchie.
Pour les salariés à domicile comme pour les particuliers employeurs, une communication adaptée permet de réduire les malentendus, de limiter les situations stressantes et d’augmenter la participation de la personne accompagnée aux actes du quotidien. Elle traduit des valeurs essentielles : respect, bienveillance et reconnaissance des capacités restantes.
Au-delà de la communication elle-même, accompagner la différence repose sur une véritable professionnalisation du geste et de la posture. Chez les particuliers employeurs en situation de handicap, l’attente est forte : être aidé, c’est avant tout se sentir soutenu pour rester acteur de sa vie. Comme le rappelle Murièle, particulier employeur : « Après mon accident, il n’était pas question d’aller vivre en institution, de ne pas avoir une vie autonome ».
Cette exigence renforce le rôle du salarié, qui devient un repère essentiel pour organiser le quotidien, sécuriser les actes, ajuster ses interventions et préserver l’intimité de la personne. Dans un secteur parfois perçu comme “accessible à tous”, il est essentiel de rappeler que ces missions ne s’improvisent pas : elles reposent sur une combinaison de savoir-faire techniques (mobilité, assistance, observation) et de compétences relationnelles (écoute active, adaptation, respect du consentement). Comme le dit Anne : « Ces personnes remplacent nos mains, nos jambes ».
Les 5 fondamentaux pour instaurer une relation de confiance
La communication avec la personne accompagnée repose sur cinq principes essentiels qu’il convient de mettre en œuvre au quotidien.
- Écouter avant d’agir : il est important de prendre le temps d’entendre les besoins, même quand ils sont exprimés de manière non conventionnelle. L’écoute active démontre que la personne accompagnée est au centre de la relation.
- Parler clairement sans infantiliser : utiliser un vocabulaire simple mais neutre est essentiel. Évitez également le ton condescendant, tout en privilégiant des formulations qui offrent différents choix.
- Vous assurer de la compréhension : n’hésitez pas à reformuler, à poser une question simple ou même à demander à la personne accompagnée d’expliquer ce qu’elle a compris.
- Respecter le consentement : demandez systématiquement l’autorisation avant d’intervenir, surtout pour tout contact physique. Il est aussi important de savoir accepter un refus.
- Co-construire l’action : dans la mesure du possible, invitez la personne en situation de handicap à participer aux décisions. Veillez aussi à adapter le rythme à ses capacités du moment.
Les outils d’une communication efficace et adaptée
Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais vous disposez de nombreux outils pour nouer une relation de confiance avec la personne que vous accompagnez au quotidien.
Maîtrisez votre communication verbale
Votre communication verbale auprès de la personne en situation de handicap repose sur plusieurs fondamentaux :
- utilisez des formulations claires et positives, notamment avec des phrases courtes, au présent et avec un verbe d’action comme « Tenez la tasse » plutôt que « Ne faites pas tomber la tasse » ;
- adaptez le rythme en parlant lentement et en marquant des pauses pour laisser le temps à la personne accompagnée de traiter l’information. Vérifiez ensuite sa disponibilité à répondre ;
- vérifiez la compréhension en reformulant et en demandant une confirmation simple, comme par exemple « Pouvez-vous me dire ce que vous voulez faire maintenant ? » ou « Vous préférez A ou B ? » ;
- adoptez un ton neutre et respectueux, en évitant le tutoiement non souhaité ou un ton infantilisant ;
- posez des questions fermées pour faciliter la décision, comme par exemple « Vous préférez la chemise bleue ou la blanche ? ».
Ne négligez pas votre communication non verbale
Votre corps en dit souvent davantage que vos mots. Raison pour laquelle vous devez être particulièrement vigilant sur :
- votre posture et votre distance : placez-vous à hauteur de la personne quand c’est possible, respectez son espace intime et évitez les mouvements brusques qui surprennent ou mettent mal à l’aise ;
- votre regard et votre expression : un regard franc et bienveillant signale l’attention. Attention toutefois car certaines personnes peuvent être sensibles à l’intensité du regard ;
- vos gestes et vos mimiques : vos gestes doivent être lents, explicites et cohérents avec le message verbal afin de renforcer la compréhension ;
- vos contacts physiques : vous devez toujours annoncer que vous allez toucher la personne et demander son accord. Le toucher doit d’ailleurs rester fonctionnel et rassurant, mais jamais intrusif ;
- l’ambiance sensorielle : pensez aussi à adapter la lumière, l’ambiance sonore et les stimuli visuels pour respecter la sensibilité sensorielle de la personne que vous accompagnez.
Envisagez des outils alternatifs
Selon les besoins de la personne accompagnée, vous pouvez également avoir recours à des supports qui permettent de compléter la parole, comme par exemple :
- des pictogrammes et des tableaux de communication : les cartes à choix, les emplois du temps visuels et les pictogrammes sont très utiles pour structurer les journées et anticiper les transitions ;
- les fiches illustrées et les tutoriels : ces supports sont pertinents pour expliquer une tâche complexe et les étapes à suivre pour les réaliser ;
- les supports numériques simples : les applications de pictogrammes, les enregistrements audio ou même les vidéos courtes personnalisées peuvent être utilisés pour répéter une consigne ;
- le carnet de préférences : il s’agit d’un petit cahier indiquant les habitudes, les refus, les positions préférées et les rituels de la personne accompagnée. Un document que vous pouvez ensuite partager et compléter avec les différents intervenants ;
- les objets concrets : n’hésitez pas utiliser les objets qui permettent d’illustrer et d’expliciter votre propos. Par exemple, vous pouvez montrer la tasse que la personne accompagnée doit utiliser pour boire.
Nos conseils et exemples concrets pour mettre en pratique
Ce n’est pas un secret : l’expérimentation et l’adaptation sont les clés pour faire grandir votre relation avec la personne accompagnée et développer une communication efficiente.
Adaptez votre communication selon la nature du handicap
Chaque personne accompagnée est unique : il est donc essentiel d'adapter votre façon de communiquer à ses besoins et à sa personnalité, notamment selon la nature de son handicap.
- Déficience visuelle : verbalisez chaque action, décrivez son environnement immédiat, annoncez les déplacements et laissez la personne toucher les objets avant de les déplacer.
- Déficience auditive : positionnez votre visage en face de la personne accompagnée, articulez sans exagérer, utilisez l’écrit ou des pictogrammes, privilégiez la lumière sur le visage et évitez les masques qui cachent la bouche.
- Troubles cognitifs : découpez la consigne en plusieurs étapes simples, montrez physiquement la consigne et laissez le temps à la personne accompagnée de réaliser chaque étape à son rythme.
- Troubles du spectre autistique : anticipez et expliquez les changements à l’avance, avec un support visuel par exemple. Pensez aussi à limiter les stimuli sensoriels et à proposer un espace calme en cas de surcharge d’informations.
- Handicap moteur : il est primordial d’adapter l’accessibilité des supports (tablettes positionnées, gros pictogrammes, etc.). Assurez-vous également que les choix proposés sont réalisables physiquement.
Combinez les modes de communication
Dans la mesure du possible, vous devez associer paroles, gestes et supports visuels et tactiles pour favoriser la compréhension et l'autonomie de la personne accompagnée. Découvrez plusieurs exemples concrets.
1. Pour préparer le petit-déjeuner avec une personne ayant une déficience visuelle : annoncez votre intention de façon claire (« Je vais préparer le plateau du petit‑déjeuner »), décrivez chaque geste (« Je pose la tasse devant vous »), laissez la personne toucher l'objet, offrez un choix simple (« Vous voulez du sucre ou du lait ? ») et confirmez la fin de l'action (« C’est prêt. Vous voulez que je vous aide à porter le plateau ? »).
2. Pour annoncer un changement de planning à une personne autiste : prévenez en avance avec un support visuel (un pictogramme « Changement » sur l'emploi du temps par exemple), annoncez le changement avec une prévision temporelle (« Nous allons chez le médecin dans 15 minutes »), montrez l'étape suivante (un pictogramme « Sortie ») et utilisez une stratégie d'apaisement si la personne est stressée (un casque anti-bruit par exemple).
3. Pour habiller une personne avec des troubles cognitifs : présentez les vêtements dans l'ordre en les montrant un par un, proposez un choix (« Le pantalon noir ou bleu ? ») et décomposez en plusieurs étapes (prendre le pantalon, enfiler la jambe droite, etc.). Vous pouvez également faire la démonstration de l'action, avant de demander à la personne d'essayer à son tour. Pensez à féliciter chaque étape et à rappeler la prochaine à réaliser.
2. Pour annoncer un changement de planning à une personne autiste : prévenez en avance avec un support visuel (un pictogramme « Changement » sur l'emploi du temps par exemple), annoncez le changement avec une prévision temporelle (« Nous allons chez le médecin dans 15 minutes »), montrez l'étape suivante (un pictogramme « Sortie ») et utilisez une stratégie d'apaisement si la personne est stressée (un casque anti-bruit par exemple).
3. Pour habiller une personne avec des troubles cognitifs : présentez les vêtements dans l'ordre en les montrant un par un, proposez un choix (« Le pantalon noir ou bleu ? ») et décomposez en plusieurs étapes (prendre le pantalon, enfiler la jambe droite, etc.). Vous pouvez également faire la démonstration de l'action, avant de demander à la personne d'essayer à son tour. Pensez à féliciter chaque étape et à rappeler la prochaine à réaliser.
Ces exemples montrent comment combiner les modes de communication et les outils de façon pragmatique et respectueuse. Il n’y a toutefois pas de solution miracle : testez une variante, observez la réaction, ajustez et notez. C’est de la sorte que se construit une communication réellement adaptée et durable.
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