Les pratiques et habitudes des citoyens au sein du domicile ont un impact réel face aux enjeux climatiques de demain. Ecogestes, pratiques écoresponsables, transmission : chacun à son niveau, simplement, avec ses moyens, peut devenir acteur de la transition écologique, comme nous l’explique Valérie Chazalon, Directrice de la sensibilisation de la Fondation GoodPlanet*.
Quels sont les écogestes les plus simples et les plus efficaces qui sont applicables au domicile ?
Les plus efficaces sont souvent les plus simples. Baisser son chauffage d’un degré, par exemple, permet de réduire la consommation d’énergie de 7 %, soit près de 200 kg de CO₂ par an. Dans la même logique, éteindre systématiquement les appareils en veille représente jusqu’à 10 % d’électricité économisée.
Un geste également à ne pas négliger : l’assiette ! Manger moins de viande – ne serait-ce qu’un repas par semaine – équivaut déjà à 100 kg de CO₂ évités par personne et par an. On peut combiner cela avec des produits locaux, et de saison !
Ces actions, mises bout à bout, peuvent représenter jusqu’à 25 % de l’empreinte carbone d’un foyer.
Quels freins rencontrez-vous le plus souvent auprès des différents publics ?
Nous remarquons deux freins majeurs : le poids des habitudes car changer son quotidien demande du temps, de l’énergie mentale, et ce n’est pas toujours simple. Et enfin un manque d’information claire, on ne sait pas trop par où commencer ! A la Fondation GoodPlanet, nous organisons justement des ateliers auprès des scolaires et du grand public, ainsi que des formations pour mieux comprendre les enjeux environnementaux et sociaux et savoir comment agir.
Observez-vous des différences dans la manière dont les enfants et les adultes adoptent ces pratiques ?
Les enfants sont très réceptifs aux messages de sensibilisation, notamment lorsqu’ils sont transmis à l’école ou dans le cadre d’activités pédagogiques. Ils ont une curiosité naturelle qui les amène à intégrer facilement de nouveaux gestes, comme éteindre la lumière ou rappeler le tri des déchets. Chez les adultes, l’approche est différente : ils sont plus attentifs aux aspects pratiques et économiques, et leur adoption de nouveaux gestes dépend souvent des contraintes du quotidien, du budget ou du temps disponible. Ce qui est intéressant, c’est de savoir s’adresser aux deux, il n’est pas rare que les enfants sensibilisent leurs parents, mais ce sont les adultes qui créent le cadre permettant de pérenniser ces gestes. La transition écologique au domicile repose sur cette complémentarité.
Faire accepter de changer ses habitudes, est-ce si difficile ? Comment s’y prendre pour convaincre sans contraindre ?
Changer ses habitudes prend du temps, et demande à être accompagné. On sait que 70 % des gens se disent favorables aux écogestes… mais seuls 25 à 30 % les appliquent vraiment au quotidien. Beaucoup de personnes se disent prêtes à agir, mais ont besoin d’un déclencheur : cela peut être une économie financière, un conseil pratique ou même l’exemple d’un proche. Pour convaincre, il faut montrer les bénéfices concrets et donner des outils simples à appliquer plutôt que de culpabiliser. Valoriser les petits pas est aussi essentiel : ce sont eux qui créent une dynamique positive dans la durée.
Quel impact peut avoir un changement de comportement au sein du domicile dans la lutte contre le dérèglement climatique ?
L’impact est réel, même s’il ne résout pas tout à lui seul. À l’échelle individuelle, un foyer peut réduire jusqu’à un quart de son empreinte carbone grâce aux gestes du quotidien, soit environ deux tonnes de CO₂ par an. À l’échelle d’un pays, cela devient considérable : si chacun et chacune s’y engageait, les réductions atteindraient plusieurs dizaines de millions de tonnes. Ces chiffres montrent bien que l’action individuelle et l’action collective se complètent : l’une sans l’autre serait insuffisante.
Si vous aviez un message à adresser aux citoyens pour les convaincre d’agir à la maison, quel serait-il ?
Commencez par là où vous êtes, avec les moyens dont vous disposez. Chaque geste, même modeste, compte, et additionné à ceux de millions d’autres, il devient la norme. La transition écologique n’est pas une suite de sacrifices, c’est une manière de vivre mieux, en harmonie avec nos ressources.
* La Fondation GoodPlanet, reconnue d’utilité publique, a été créée en 2005 par Yann Arthus-Bertrand dans le prolongement de son travail artistique et de son engagement. Sa mission est de sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux écologiques et solidaires, et d’agir concrètement pour un monde plus durable sur le terrain, en entreprise et au sein des collectivités.
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